*Le manoir des âmes perdues* Au commencement.

Je me souviendrais toute ma vie  de la première fois que je l'ai vue. Mon horrible cousine m'avait invitée à passer une nuit chez elle dans son petit village situé au sud de la France. Elle avait également convié sa dernière amie, surement la trentième qu'elle se faisait depuis le début de l'année et qu'elle abandonnera comme les autres dans trois jours au plus tard.
Je sonnais. Pas un bruit, je ne m'inquiétais pas c'était son petit plaisir de me laisser attendre sur le paillasson. Elle me connaissais trop bien pour savoir que je ne le lui ferai pas remarquer. Après avoir attendu patiemment pendant 10 minutes, j'entendis vaguement que l'on m'ordonnait d'entrer. En ouvrant la fine porte en chêne, son chien survitaminé me sauta dessus et s'échappa dans l'étroite ruelle. Je me figeais. J'avais une peur bleu des chiens. J'entendis crier ma cousine :
"Bon dieu, mais quelle empotée ! Marianne va chercher Papillon avant qu'elle aille chez le rustre !"
J'entendis quelqu'un dévaler les marches de bois.
C'est à ce moment que je l'aperçu, elle n'était pas très grande et elle était très mince. Elle avait la peau tannée par le soleil, elle avait de longs et fins cheveux noirs qui au soleil paraissaient bruns. Elle avait également de grand yeux rieurs et intelligents de couleur noisette. En m'apercevant, son visage se fendit d'un large sourire, il était accueillant, doux, protecteur et sincère. Elle me lança d'un air enjoué :
"Dépêchons-nous d'aller chercher son chien ! Sinon nous allons nous faire taper les doigts, Margo a sorti la règle !"
Je sentais bien que derrière cette plaisanterie se cachait bien autre chose, elle n'aimait guère ma cousine et se moquait royalement d'elle ! Je l'aimais bien, nous allions bien nous entendre. Je posais mon sac dans l'entrée devant une commode remplit de portraits de famille. L'intrigante jeune fille était déjà dehors à la poursuite du jeune animal ! Je la suivais. Ses cheveux virevoltaient comme des rubans, c'était magnifique. Elle attrapa délicatement le petit animal qui s'était réfugié derrière une caisse en bois. Je la rejoignis lentement, je n'étais pas pressée d'approcher l'hideux animal. Elle marchait avec une grâce incroyable, mes pas maladroits semblaient forts ridicules… Elle repassa la porte de la petite maison une nouvelle fois et attendit que je soit également entrée pour fermer la porte derrière moi. Elle posa le petit chien au sol qui commençait a s'impatienter dans l'enveloppe de ses bras. Elle pivota vers moi et me tendit sa main, je la saisi.
"Marianne Jones, déclara-t-elle joyeusement.
-Alienor, Alienor Selva répondis-je"
Elle me dévisagea longuement, elle me ressemblait, elle était observatrice et savait découvrir la moindre faiblesse chez chaque personne. Elle arrivait également à deviner les sentiments qui traversaient chaque esprit rien qu'en regardant les traits d'un visage. Elle ne faisait jamais part de ses pensées, elle savait les apprécier seule. Elle était discrète. Tout comme moi.
Ma cousine interrompit cet échange silencieux par une vocifération :
"Vous comptez vous éterniser en bas ! J'en ai marre d'être seule !"
Je ne pu m'empêcher de ricaner, ma chère cousine Margo n'avait pas changer, toujours aussi grossière. Je remarquais que Marianne rigolait silencieusement elle aussi. Je ne pouvais qu'apprécier Marianne.
Nous allions donc rejoindre Margo.